Ma
brillante carrière de Miles Franklin
Ce
roman écrit par une jeune australienne de vingt ans a aujourd'hui
plus d'un siècle. Une jeune fille, oui, qui prit un pseudonyme
masculin et qui a remporté un succès foudroyant avec cette histoire
toute en chaleur, poussière, grands espaces, longues étendues et
vie suspendue. Dans l'introduction, Miles Franklin écrit : «
Juste quelques lignes pour vous dire que cette histoire parle
exclusivement de moi – je ne l'écris pas dans un autre but. (…)
Je ne me sens aucune affinité avec le milieu dans le quel je vis.
(…) Cette histoire ne comporte pas d'intrigue, ma vie ou tout autre
vie...n'en ayant comporté aucune. » En lisant Miles Franklin,
dont parfois l'écriture, le style semblent désuets, on entend
pourtant rugir sa jeunesse, sa volonté farouche de n'être « pas
comme les autres paysannes », de ne pas se contenter des tâches
ménagères auprès d'un époux qui aura bien voulu d'elle, elle qui
se dit sans aucune beauté. Rejetée par sa mère, elle va
successivement connaître un monde plus joyeux, à sa portée chez sa
Grannie avant de voir son univers basculer chez Mr M'Swap dont son
père est le débiteur. Point d'intrigue vraiment, il est vrai. Mais
le portrait d'une jeune fille entière, honnête dans ses sentiments
et dans l'attente follement espérée d'un demain différent à la
mesure de ce qu'elle est profondément. Le décor australien pèse
tel une chape de plomb, venant s'ajouter aux regrets maternels, à la
vie pauvre, aux bêtes maigres et ne rapportant pas assez pour
« élever les rêves » au-delà du bush. C'est
probablement dans ce portrait d'adolescente que ce roman reste
« moderne » et touche encore ses lecteurs bien qu'un
siècle nous sépare de Miles Franklin.
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