jeudi 8 novembre 2012

lecture commune Sylire et Lisa Décembre 2012


Ma brillante carrière de Miles Franklin

Ce roman écrit par une jeune australienne de vingt ans a aujourd'hui plus d'un siècle. Une jeune fille, oui, qui prit un pseudonyme masculin et qui a remporté un succès foudroyant avec cette histoire toute en chaleur, poussière, grands espaces, longues étendues et vie suspendue. Dans l'introduction, Miles Franklin écrit : «  Juste quelques lignes pour vous dire que cette histoire parle exclusivement de moi – je ne l'écris pas dans un autre but. (…) Je ne me sens aucune affinité avec le milieu dans le quel je vis. (…) Cette histoire ne comporte pas d'intrigue, ma vie ou tout autre vie...n'en ayant comporté aucune. » En lisant Miles Franklin, dont parfois l'écriture, le style semblent désuets, on entend pourtant rugir sa jeunesse, sa volonté farouche de n'être « pas comme les autres paysannes », de ne pas se contenter des tâches ménagères auprès d'un époux qui aura bien voulu d'elle, elle qui se dit sans aucune beauté. Rejetée par sa mère, elle va successivement connaître un monde plus joyeux, à sa portée chez sa Grannie avant de voir son univers basculer chez Mr M'Swap dont son père est le débiteur. Point d'intrigue vraiment, il est vrai. Mais le portrait d'une jeune fille entière, honnête dans ses sentiments et dans l'attente follement espérée d'un demain différent à la mesure de ce qu'elle est profondément. Le décor australien pèse tel une chape de plomb, venant s'ajouter aux regrets maternels, à la vie pauvre, aux bêtes maigres et ne rapportant pas assez pour « élever les rêves » au-delà du bush. C'est probablement dans ce portrait d'adolescente que ce roman reste « moderne » et touche encore ses lecteurs bien qu'un siècle nous sépare de Miles Franklin.


samedi 27 octobre 2012

Grâce aux Chroniques Littéraires...

Critique de Le Jeu de l'absence de J-D Verhaeghe, Caroline, lesmotsenpremier.blogspot.com

Jean-Daniel Verhaeghe est né en 1944. Réalisateur et écrivain français, il est connu surtout pour ses adaptations télévisées d'oeuvres littéraire : vingt-huit ans de carrière, trente-sept films et séries tournés. Nous lui devons «  Qu'est-ce qu'on va faire de toi ? » en 2011, «  Chez Maupassant », « Georges et Fanchette » en 2010. Il a mis en scène tour à tour Claude Rich, Malik Zidi, Didier Bezace, Laure Duthilleul, Pascal Elso et , surtout, Pierre Vernier. Nous pouvons citer aussi plus particulièrement , en 1991, La Controverse de Valladolid qui remporte un grand succès. Pour le cinéma, il signe en 2006 une adaptation du roman célèbre, Le Grand Meaulnes. Pour ce qui concerne les livres, il écrit et publie, en 2002, Un Goût du secret aux éditions du Rocher.

Toujours sur cette planète « livres », arrive en Août 2012, aux éditions Arléa dans la collection « 1er Mille » le roman : Le Jeu de l'absence que grâce aux Chroniques Littéraires, j'ai choisi et commente après l'avoir ardemment attendu. Une couverte blanc-crème, un titre bleu-noir sobre et un bandeau bleu aussi avec cette interrogation : «  En amour, la fidélité n'est-elle qu'une absence de désir ? »

Si je la marque nettement, c'est qu'au fil de ma lecture, je me suis aperçue que j'y revenais, qu'elle me taraudait, me questionnait comme si elle refusait que je la « lâche » avant d'avoir terminé ma lecture.

Ferdinand, lui, a Jeanne ; Jeanne, elle, a Ferdinand. Un jeune couple en somme, dix ans de vie commune, sans une ombre, un brouillard, une brume, même fugace. Ferdinand a aussi Jorgen Hörtan. Jeanne a aussi Pierre Loti. Le livre de l'auteur norvégien que Ferdinand a à traduire sera le prétexte, les recherches de Jeanne sur Loti le prolongement qui étire l'histoire de J-D Verhaeghe. Des échos entre la fiction, le roman, et la vraie vie de Jeanne et Ferdinand ; la réalité est si mince...Un couple marié depuis presque un demi-siècle décide de s'imposer une séparation pendant un an, une parenthèse choisie pour mieux se retrouver dans l'espoir d'un amour encore plus intense. Ferdinand et Jeanne, Jeanne et Ferdinand... « C'est dans un grand bonheur et une vive exaltation » qu'ils vont à leur tour préparer cette absence. Départ de Jeanne en Mai, retrouvailles le 23 Septembre. Une parenthèse de cinq mois avec un amour à nourrir de ce jeu cruel ? Pervers ? Pourquoi s'éprouver l'un l'autre ? Une autre question pointe le bout de sa plume : Jeanne et Ferdinand seront-ils au rendez-vous ? Ferdinand prépare et savoure une escapade à Rochefort où séjourne Jeanne, incognito, pour lui offrir, au sens propre du terme, soit faire don, le roman de Jorgen Hörtan enfin traduit. Et , comme la vie, est si bien faite, nous voici avec Jeanne qui découvre avec avidité les premières lignes dans un café et...se retrouve soudain devant Victoria, qui tout en croquant à pleines dents dans un croissant, lui révèle qu'elle est « l'héroïne du roman »...jusqu'à ce que cela bascule car Jeanne est bien réelle, vivante et elle n'est pas Victoria. «  Dans une semaine, Jeanne devait rentrer à Paris. Retrouver Ferdinand sur le quai lui faisait peur. (…) le jeu était stupide. Comment avait-elle pu en accepter les règles ? ». Mais le voyage de Jeanne n'est pas encore terminé, abouti en quelque sorte. Sera-t-elle sur le quai le jour du rendez-vous ? Rejoindra-t-elle l'héroïne du roman norvégien ? Ferdinand, fiévreux, épris, attendra-t-il sur le quai de la gare Montparnasse ?

139 pages : une impression de légèreté, voire d'évanescence, lorsque j'ai ouvert l'enveloppe sur laquelle j'avais moi-même inscrit mon nom. Impression de se faire un cadeau à soi-même...Allais-je être à la hauteur du présent ? Toujours cette sorte de crainte mêlée de désir qui me tient avant de franchir la première page...Des pages légères, oui. De courts passages, quatre lignes parfois, comme des gouttes de pluie. Une pluie fine, régulière qui me fait penser à une sonate de Bach. Puis, c'est l'image du tissage qui s'impose : des fils d'une finesse toute subtile se croisent tenus par les navettes que conduit le stylo de l'auteur. La réalité et la fiction, ou la fiction dans la fiction, s'imbriquent pour donner un certain relief au propos qui pourrait paraître simple, voire simpliste. Un ruban se déroule et, sous une forme assez limpide, ce ruban creuse un sillon sur, finalement, la nature humaine, sa constance et son inconstance. C'est, surtout, par cette écriture en apparence « sans danger », que Jean-Daniel Verhaeghe séduit son lecteur et nous « ré-apprend » combien simplicité et profondeur peuvent être intimement unies. Le lecteur peut imaginer sans peine les images du film, les acteurs, la lumière, la prise de vue, la musique, les décors : Benoît Magimel et Isabelle Carré pour se fondre dans Ferdinand et Jeanne...Ce roman est en quelque sorte une preuve que les livres réussis ne sont pas tributaires du nombre de pages et c'est aussi une façon démontrer que sous des allures de facilité livresque se cache un réel travail d'auteur.

jeudi 9 août 2012

Chronique été 2012

Un début avec La Délicatesse de David Foenkinos
Mi-Juilllet avec Robert Goddard, Par un matin d'automne
Fin-juillet début Août avec Robert Pobi, L'Invisible : un roman époustouflant que j'ai lu en haletant comme si je n'avais cessé de courir du début à la fin. J'ai été happée par une sorte de vitesse, de rythme, de battement de coeur et je n'ai pas lâché la corde des mots de Robert Pobi avec le souffle au bord des yeux. Incontournable, indispensable, inévitable.
Août, Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure ( extraits )
Août toujours, Louise Erdrich, La Malédiction des Colombes, dans la cadre du Blogoclub organisé par Sylire et Lisa : j'attendais beaucoup de ce roman que j'ai cherché en vain dans les deux bibliothèques où je me promène. Je l'ai donc acheté, la quatrième de couverture pouvait me séduire ...et, boum, je n'ai pas réussi à terminer à temps ma lecture. Je n'ai pas pu "humé" cette atmosphère amérindienne, j'ai parfois été emballée pour être déçue et perdue tout aussi vite au cours d'une même page. Assez désagréable comme sensation et j'ai été vaincue par ce désordre. Je l'ai tellement regretté qu'il m'a fallu attendre aujourd'hui ( et d'avoir quelques minutes pour consulter les autres vais ) pour oser écrire ce que je n'ai pas lu...

mardi 17 juillet 2012

Cette main qui a pris la mienne de Maggie O'Farrell






 
Deux femmes en "parallèle", du moins pendant plusieurs centaines de pages : Lexie et Elina avec quarante ans qui les séparent. Pourtant rien de gênant dans tout cela ; Lexie s'épanouit, vit, aime, assume ses choix dans les années soixante; Elina met au monde son premier enfant en risquant d'y perdre la vie. Nous les découvrons toutes deux en humant qu'à un certain moment, leurs vies vont être nouées. Ce roman est une belle découverte, l'écriture est sensible sans être mièvre; le style fluide nous emporte dans sa grâce et sa simplicité. Il existe une lumière particulière qui éclaire notre lecture et qui donne envie de retrouver cette auteure irlandaise.

Mon coin des z'enfants

Mon coin des z'enfants
Une rencontre d'illustrateurs...et une dédicace !

Mon coin des z'enfants

Mon coin des z'enfants

Grâce à BOB

Grâce à BOB
Le Serment de Kent Harrington

A propos de...Le Serment de Kent Harrington Folio Policier éditions Gallimard

Merci à BOB... surtout !

L'auteur : San Francisco, 1952, naissance de K.Harrington. Ecrivain et scénariste, il partage sa vie entre les Etas-Unis et le Mexique, très présent dans son oeuvre. A priori, il lui aurait fallu dix ans et deux romans " en attente" pour être publié.

Quelques lignes sur l'histoire : Collin Reeves, jeune médecin, établit une sorte de "pont" entre l'ambassade des Etats-Unis et le Mexique, via la CIA. Appelé pour soigner des touristes américains, sa route croise celle de Dolores Rios dont le mystère va le fasciner. Alors que le terrorisme menace les intérêts américains, C.Reeves devient un véritable pion sur le damier des enjeux et des drames en puissance...Une bataille rangée de tensions, de géopolitique et d'émotions.

Un certain point de vue de lectrice

En premier lieu, oui, c'est bien un "triller"; ceux qui apprécient pourront prendre du plaisir à lire ce roman. Les fils s'entremêlent, les enjeux, les complots, les sentiments, les pays. Et finalement, la solitude ?... Mais, au-delà, c'est l'écriture complètement cinématographique qui me frappe. Les lieux, la taille des pièces, les couleurs des murs, leurs taches, les odeurs de transpiration, les teintes des vêtements, les matières, les bruits, les sonneries de porte, de réveil qui rythment inexorablement les lignes et donnent le tempo de ce livre.

Pères et fils

Pères et fils

Un court roman à découvrir

Un court roman à découvrir

Délit de vagabondage

Délit de vagabondage

Délit de vagabondage, quelques lignes de lectrice

Délit de vagabondage, quelques lignes de lectrice

Prendre le temps d'y réfléchir...

Prendre le temps d'y réfléchir...